2020.05.28
Pas de profit pour les Doujin. Nous ne “vendons” pas.
Peu importe la quantité que vous achetez, vous n’êtes pas considéré comme un “client”
Avez-vous déjà acheté un magazine doujinshi ? Il y a un côté vraiment cool à acheter des mangas créés par des fans, vous ne trouvez pas ?
Mais savez-vous que vous n’avez pas réellement “acheté” ce doujinshi ? Les Doujin sont des individus ou des groupes d’individus qui possèdent les mêmes croyances et, pour devenir membre d’un club de Doujin, vous devez partager leurs émotions et assimiler leur message. Donc acheter leur doujinshi, c’est en quelques sortes rejoindre leur club. En d’autres termes, il n’y a pas de relation acheteur/vendeur ou producteur/consommateur, mais plutôt une notion de communauté !
Pour faire court, ce que la plupart des groupes Doujin proposent aux conventions ne sont pas des produits “à vendre”, mais simplement “à faire circuler”. Bien sûr, ce sont des produits, et le Comiket ainsi que d’autres conventions de Doujin sont connues comme des endroits de vente, donc cela est un peu contradictoire. Mais ne vous rendez jamais au Comiket en vous imaginant tel un client dans un magasin. Considérez-vous plutôt comme un participant à la convention.
Voici pourquoi : les Doujin ont pour but de faire circuler leurs œuvres auprès du plus grand nombre de personnes possible dans l’espoir de transmettre leurs convictions et idées. La petite somme d’argent qu’ils facturent est utilisée afin de couvrir les frais de publication ou de production. En japonais, le mot “頒布” (hanpu) est utilisé pour décrire cette action, signifiant “faire circuler” ou “distribuer”. Il existe également le mot “配布” (haifu) pour désigner la distribution, mais ces deux termes sont différents. Les Doujin utilisent “hanpu” parce qu’au lieu de distribuer unilatéralement leurs œuvres comme quelqu’un le ferait sur le trottoir avec des prospectus, ils souhaitent établir une connexion à double sens avec les participants, via leurs œuvres.
Les doujinshi ne sont donc pas “vendus” (販 売) ou “distribués” (配布), mais sont “diffusés” (頒布) pour la consommation de tous. Pour référence, le mot “hanpu” est également utilisé pour désigner la vente d’amulettes et de tampons dans les sanctuaires. Bien que les sanctuaires demandent de l’argent en contrepartie, ils ne le font pas pour faire des bénéfices. L’argent récolté est utilisé pour les offrandes aux dieux et les différentes activités du sanctuaire.
Légalement parlant, le Comiket et autres évènements de vente sont considérés comme des événements commerciaux. Toutefois, ils sont destinés à être appréciés de tous, qu’il s’agisse de participants lambdas aux clubs de Doujin dont les œuvres sont disponibles à la “vente”. En résumé, le Doujin ne travaille pas pour faire du profit mais pour faire circuler ses idées et croyances. Toutefois, aux yeux de la loi, toute activité qui implique un échange d’argent représente une activité commerciale. Les “vendeurs” Doujin doivent garder cela à l’esprit.
Récemment, comme les doujinshi et les CD sont plus faciles et moins chers à produire, il y a de plus en plus de personnes qui se rendent en convention afin de vendre leurs œuvres et faire du bénéfice. Si cette pratique continue, la culture du Doujin finira par se dégrader et se transformer en promotion de vente d’amateurs. Ceci rendrait les conventions désagréables pour tous, ce pourquoi nous espérons que cette pratique cesse rapidement.
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Writer
Shiro Sato
Translator
Jessica Iragne